Il faut remonter au dĂ©but des annĂ©es 1970 en France pour que la question de lâinsertion sociale et professionnelle soit posĂ©e. A cette Ă©poque, cette prĂ©occupation correspondait Ă une politique sociale orientĂ©e « jeunes » Ă travers son « opĂ©ration 50000 jeunes ». Lâinsertion Ă©tait alors envisagĂ©e relativement Ă ce public-cible de bĂ©nĂ©ficiaires comme la recherche dâun équilibre entre lâEtat-providence et les individus, en vue de la consolidation dâune cohĂ©sion sociale fragilisĂ©e. En dâautres termes, lâinsertion sociale Ă©tait apprĂ©hendĂ©e comme une Ă©tape nĂ©cessaire (voire incontournable) du processus dâintĂ©gration Ă la fois Ă©conomique et sociale de chaque bĂ©nĂ©ficiaire, afin que celui-ci trouve sa place parmi les siens.
Pour ce faire, les politiques dâinsertion visaient Ă adapter les privĂ©s dâemploi â jeunes puis moins jeunes – aux nouvelles conditions du marchĂ©, en articulant formation-qualificationemploi de façon Ă ce que les nouvelles opportunitĂ©s dâoccupation sur le marchĂ© du travail et au sein des entreprises agissant dans de nouveaux secteurs puissent ouvrir des postes de travail. Les premiĂšres politiques dâinsertion des annĂ©es 75 (contrat emploi-formation, pactes pour lâemploi) initiĂ©es en direction des jeunes, sâinscrivent dans un contexte de chĂŽmage qualifiĂ© de  «frictionnel ». Les mesures prises, de type formation, visent Ă mettre en adĂ©quation le niveau de formation des jeunes avec les attendus des postes de travail. On parle de politiques « adĂ©quationnistes » (Whul, 1996). Une dĂ©cennie plus tard, le dĂ©veloppement dâun chĂŽmage de longue durĂ©e trĂšs rĂ©sistant aux conjonctures de reprise Ă©conomique oriente les reprĂ©sentations des acteurs publics et de lâopinion vers le caractĂšre structurel dâun chĂŽmage qualifiĂ© « dâexclusion ». On assiste alors en 1984 au dĂ©veloppement des dispositifs de la formation par alternance (contrat de qualification, contrat dâadaptation, travaux dâutilitĂ©Â collective). Face Ă ce chĂŽmage dâexclusion, lâinitiative citoyenne nâest pas en reste. DĂšs 1982, des expĂ©rimentations locales dans des bassins industriels sinistrĂ©s comme celui de Redon donnent naissance Ă des dynamiques associatives de soutien aux chĂŽmeurs en fin de droits. Les premiĂšres associations intermĂ©diaires cherchent Ă les rĂ©introduire dans lâordre salarial par leur mise en disposition auprĂšs dâune offre dâemploi Ă©clatĂ©e proposĂ©e par des particuliers. Enfin en 1989 le vote de la loi sur le revenu minimum dâinsertion cherche Ă mettre en musique ces initiatives multiples en proposant un double versant dâintervention sur les phĂ©nomĂšnes dâexclusion : celui dâun droit au revenu minimum et celui dâun droit Ă lâinsertion. La problĂ©matique publique dominante devient alors celle de la construction dâune offre dâinsertion permettant lâĂ©tablissement du lien contractuel entre les bĂ©nĂ©ficiaires et la puissance publique. Ainsi de multiples initiatives se dĂ©veloppent portĂ©es par des logiques sociales diffĂ©renciĂ©es Ă Â lâintĂ©rieur ou hors du cadre des politiques publiques de lutte contre lâexclusion et la pauvretĂ©.