Communs, logiques paysannes et raison d’État. L’agriculture en Géorgie (Caucase du Sud)

Evelyne Baumann
2016

EMES Conferences Selected Papers Series, ECSP-P16-03

Parmi les pays post-soviétiques, c’est incontestablement la Géorgie qui a la vocation agricole la plus prononcée. Dotée de terres fertiles et bénéficiant, avec une pluralité de zones climatiques, de conditions météorologiques exceptionnelles, n’avait-elle pas, pendant l’ère soviétique, fourni en agrumes, vin, eaux minérales, la capitale Moscou et sa seconde ville, l’actuelle Saint Petersbourg ? C’est aussi dans ce petit pays de 3,7 millions d’habitants que l’effondrement de l’agriculture a été le plus douloureux avec, entre 1990 et 2000, une contraction de la production de 11 % par an (Welton 2013 : 33).

Issue du démantèlement des sovkhozes, fermes propriété de l’État, et des kolkhozes, fermes collectives appartenant formellement aux travailleurs, l’agriculture géorgienne est en panne. C’est essentiellement une agriculture de subsistance : 93 % les exploitations sont de type familial et commercialisent peu. Alors qu’elle fait vivre près de la moitié des Géorgiens – les données exactes font cependant défaut –, sa contribution au PIB n’est que de 9 %, contre plus du triple dans les années 1990. Le régime ultralibéral de Mikhaïl Saakachvili, président du pays entre 2004 et 2012, a causé beaucoup de tort à l’agriculture. Depuis, celle-ci est devenue l’une des priorités des autorités de Tbilissi. Pour le moment, les résultats sont encore limités.

La faiblesse des performances est largement imputable à la disparition des marchés ayant traditionnellement absorbé les produits agricoles géorgiens, disparition qui n’est que la suite logique de l’effondrement de l’Union soviétique. Mais elle est aussi étroitement liée au fait que le passage à l’économie de marché ne s’est pas accompagné de l’émergence d’institutions compatibles avec la nouvelle constellation. En cela, interroger les communs peut s’avérer fructueux. Ils seront appréhendés ici dans leur acception large : ce ne sont pas seulement les ressources naturelles en tant que telles qui sont concernées, mais aussi « l’aval », voire « l’amont » de leur exploitation.

Après avoir posé le cadre théorique, on verra tout d’abord comment, sous le régime soviétique, l’État-Parti s’est s’arrogé le monopole des communs. Ensuite, il s’agira de montrer que, dans la Géorgie indépendante – et tout particulièrement sous la présidence de M. Saakachvili –, l’émergence de communs compatibles avec l’économie de marché se heurte à de grandes difficultés. Ce qui rapproche les deux époques, c’est un manque d’attention par rapport aux communs et la croyance en la supériorité des unités de très grande taille – fermes collectives dans un cas, entreprises agricoles dans l’autre – par rapport aux exploitations paysannes.

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